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Mais n’eft-il rien au-delà de ces hommages fo- lennels ? Tout eft-il épuifé par ces honneurs ? Pour perpétuer la mémoire de fes grands hommes, l’Egypte eut fes pyramides, la Chine fes arcs de triomphe, la Grece fes temples, Rome fes ftatues, l’Angleterre fes maufolées & la France fon pan- théon. Ces monumens périffent : ils font dévorés par le temps. Les penſées du génie font feules immortelles, traverfent les fiecles, & fe tranf- mettent aux générations futures, comme ces feux qui, dans les jeux olympiques, paffoient de main en main jufqu’au dernier des Grecs.

L’imprimerie a auffi fes monumens, & le cœur des républicains a aufli fon panthéon. Élevons donc à Montefquieu un monument plus durable le marbre & l’airain. Analyfer fes ouvrages, que apprécier fes fyftêmes, recueillir fes maximes, combattre quelques erreurs, extraire de cette mine abondante l’or pur de la liberté & de l’éga- lité, le féparer de l’alliage fubtil & funefte de toutes les ariſtocraties, c’eft ajouter à l’horreur qu’infpire le deſpotifme, au mépris que mérite la fervitude, & féconder les principes libérateurs & généreux des républiques.

L’académie françaife fit l’éloge de Monteſquieu ; d’autres fociétés littéraires propoferent ce ſujet à l’éloquence ; on eût dit que la monarchie vouloit s’emparer des penſées de Montefquieu. Il appar- tient mieux aux républicains de célébrer fa mé- moire, de publier fes maximes, & d’arracher