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POÉTIQUES.

Parlez, éclaircissez mes doutes inquiets.
Dans la tombe, pour vous, il n’est plus de secrets.
Quel est donc ce destin que je ne puis comprendre ?
Parlez… Mais, dans les airs, ils passent sans m’entendre ;
Je reste seul, flottant ; et, dans l’obscurité,
Mes regards incertains perdent la vérité.
Mais pourquoi, n’écoutant qu’une sombre tristesse,
Sur mes propres malheurs m’appesantir sans cesse ?
Hélas ! pourquoi me plaindre ou ne plaindre que moi ?
Young, l’astre du jour ne luit-il que pour toi ?
Es-tu seul malheureux ? Ah ! reprenons courage.
La peine est des mortels le commun héritage.
La femme avec le jour transmet à ses enfants
Tous les maux attachés au destin des vivants.
Partout la race humaine, à souffrir condamnée,
Pleure, et comme un fardeau porte sa destinée.
Ici, dépossédés de la splendeur du jour,
D’un père, d’une amante, exiles sans retour,
Des hommes engloutis dans les mines profondes,
Y puisent un métal corrupteur des deux mondes.
Là, par un vil despote à la rame attachés,
D’autres, avec effort, sur les vagues penchés,
Habitans de ces mers où les tempêtes grondent,
Tourmentent un esquif que leurs sueurs inondent.
D’autres, ô désespoir ! pour des maîtres ingrats,
Sanglants et mutilés au milieu des combats,
Dans la honte et l’ennui d’un abandon funeste,
Tendant à la pitié le seul bras qui leur reste,