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VEILLÉES

Silence, Obscurité, seuls témoins de mes pleurs,
Inspirez-moi des cbants dignes de mes malheurs.
Mais faut-il implorer votre vainc puissance ?
Noirs enfants de la nuit, Obscurité, Silence,
Qu’êtes-vous, répondez, devant le Dieu fécond
Qui, peuplant du chaos le sein vaste et profond,
Envoya du malin les étoiles joyeuses
Essayer dans l’azur leurs courses lumineuses,
Et signaler aux yeux de l’univers naissant
La force et la splendeur de son bras tout-puissant ?
Etre immortel ! c’est toi que dans ces vers j’implore.
Si d’un voile d’or pur la main couvrit l’aurore,
Et sur un char de flamme éleva le soleil,
Oh ! viens de ma raison éclairer le réveil !
Fais luire dans mon ame un rayon de sagesse.
Je voudrais un moment surmonter ma faiblesse,
Un moment m’arracher à l’aspect de mes maux,
Et des destins de l’homme esquisser les tableaux.
Que l’homme est pour lui-même un effrayant mystère !
De mille passions esclave involontaire,
Portrait décoloré de son auteur divin,
De ce globe d’un jour atome souverain....
Qui suis-je, Dieu puissant ? A ma faible paupière
Quelle main peut ravir, peut rendre la lumière ?
Vous, que je pleure encore et que j’ai tant chéris,
Qui vous offrez dans l’ombre à mes yeux attendris,
Beaux fantômes, Lucie, et toi, jeune Narcisse,
De ce cœur à la fois le charme et le supplice,