POÉSIES
S’offrent mille guerriers en ordre dans la plaine.
Déjà la fureur et la haine
Ont donné le signal affreux.
Mais pourquoi retracer ces moments douloureux ?
Percé d’un trait mortel je vis tomber mon père :
Je volais recueillir l’ame de ce vieillard ;
Mes mains allaient fermer sa sanglante paupière,
Quand je vois accourir le sombre Caïrbar.
A mon aspect une joie homicide
Brille en son œil farouche et sur son front livide.
Il ose me parler de son barbare amour ;
Dans mon propre palais il me traîne expirante…
Le reste t’est connu, Je maudissais le jour,
Et j’appelais la mort à mes désirs trop lente,
Lorsque, brillant d’ardeur, de gloire et de beauté,
Tu parus tout-à-coup à mon œil enchanté ;
Tu parus : Caïrbar vit resplendir ta lance,
Et s’enfuit devant toi comme un chevreuil léger.
Mais qui peut encor t’affliger ?
Avons-nous, cher Nathos, perdu toute espérance ?
NATHOS.
Je crains peu les combats. A peine en mon printemps,
Je m’embrasais des feux de la victoire ;
Fils des héros, rempli de leur mémoire,
Je brûlais d’égaler leurs exploits éclatants ;
Et la guerre était pour mon ame
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