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Seul, en cris furieux exhalant ses douleurs,
Il se traîne, il s'assied sur un fumier immonde,
Et, tournant vers les cieux son œil mouillé de pleurs,
Il insulte, en ces mots, à l'arbitre du monde :
« L'épouvante et la mort environnent mes pas ;
Pour jamais l'espérance à mon cœur est ravie :
Impitoyable Dieu, que je ne connais pas,
T'avais-je demandé le présent de la vie ? »

Il achevait ces mots ; un éclair pâlissant
Vient luire, tout-à-coup, à sa vue alarmée ;
Il entend une voix ; la voix du tout-puissant
Tonne et sort en courroux de la nue enflammée.
« Qui blâme insolemment ma justice et ma loi ?
D'où partent ces clameurs ? Quel mortel téméraire
Du sein de son néant s'élève jusqu'à moi,
Et de mes volontés veut sonder le mystère ?
Toi qui me condamnais, ose m'envisager ;
Soutiens, si tu le peux, l'éclat qui m'environne ;
Prête l'oreille, Job, Dieu va t'interroger ;
Et, si tu me réponds, ma bonté te pardonne.

« Que faisais-tu le jour où naquit l'univers ?
Est-ce toi qui, porté sur un trône d'éclairs,
Des ombres du chaos où sommeillaient les mondes,
Fis jaillir la lumière, et les vents et les ondes ;
Dont la main suspendit à la voûte des cieux
Ces lustres d'or flottants, ces anneaux radieux ;
Toi qui dis à la mer : respecte tes limites ;
Aux astres de la nuit : roulez dans vos orbites ;