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JOB,
POËME LYRIQUE.

 
Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
De l'Orient soumis Job reçut les hommages :
Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
L'infortune eut son tour : mille fléaux divers
Au sein de ses états confondent leurs ravages ;
La guerre, au vol sanglant, plane sur ses rivages ;
La famine la suit ; les cieux toujours ouverts
Vomissent la tempête, et la grêle, et la foudre.
Le roi de l'Orient, accablé de revers,
Sous les feux éternels voit ses cités en poudre.
Des sables de Lybie accourt un vent mortel :
Tout tombe, se flétrit sous son impure haleine ;
La mort couvre de deuil et le mont et la plaine....
L'homme n'a plus d'asile, et Dieu n'a plus d'autel.

Du fléau dévorant Job est atteint lui-même.
Une lèpre hideuse enveloppe son corps ;
Le mal de son courage a brisé les ressorts ;
Contre le roi des rois il s'emporte et blasphême.