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Et ces bois que l'hiver naguère, en son courroux,
Avait sous les frimas endormis comme vous,
Et ces fleurs dont l'éclat venait de disparaître,
Tout s'éveille, se pare, et prend un nouvel être.
Et vous jadis les rois de ce vaste univers,
Vous ne partagez plus tant de bienfaits divers ;
Vous ne soulevez pas cette pierre immobile,
Qui presse de son poids votre couche d'argile.
Homme, songe de gloire et de félicité,
C'est donc là que finit ta vaine autorité ?
Du moins ceux qu'à mes pieds le sommeil environne,
N'ont pas à regretter l'éclat d'une couronne.
Un pain noir et grossier composait leur festin,
Et leur trépas sans doute embellit leur destin :
La paix est avec eux ; les remords, les alarmes
De leurs derniers moments n'ont pas troublé les charmes.
Illustres inconnus, bénissez votre sort ;
Heureux qui, comme vous, obscurément s'endort ;
De vos humbles vertus la récompense est prête.
Le ciseau du sculpteur, la lyre du poëte,
De vos jours disparus fêtant le souvenir,
N'ont pas à votre gloire attaché l'avenir.
Mais vous vivez au cœur d'une épouse éplorée ;
Comme celle des rois votre cendre est sacrée ;
Vous n'avez point péri sur des bords étrangers.
C'est au sein de vos champs, non loin de vos vergers,
Et du toit où votre oeil s'ouvrit à la lumière,
Que repose aujourd'hui votre froide poussière.