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Un trésor bien souvent par le crime obtenu,
Sans richesse, elle a tout : sa dot est la vertu.
Allez, heureux amants, couple toujours fidèle,
D'un hymen sans nuage offrez-nous le modèle.
Que l'ange du seigneur, vous prenant par la main,
Puisse de votre vie aplanir le chemin,
Jusqu'à l'heure où la mort.... mais, triste et solitaire,
D'où peut venir en moi ce trouble involontaire ?
La mort !... son vaste enclos près du temple s'étend ;
Je veux à mes regrets m'y livrer un instant.
L'if et le pin funèbre, associant leurs ombres,
Jusqu'au pied des tombeaux m'ouvrent des routes sombres.
Non loin de moi, des fleurs, des arbres, des ruisseaux
Confondent leurs parfums, leurs feuillages, leurs eaux ;
Des chantres du printemps la foule réunie
Anime les bosquets d'une douce harmonie ;
La sève de la vie, en rapides torrents,
Court inonder les bois, les vallons odorants ;
La colombe gémit sous la verte ramée.
Entendez-vous au loin, dans la plaine embaumée ;
Les génisses beugler, et mugir les troupeaux ?...
Là tout est mouvement, ici tout est repos.
À peine un vent léger ride, par intervalle,
L'herbe haute couvrant la pierre sépulcrale.
Tout se tait, rien ne veille, et mon souffle et mes pas
Troublent seuls le silence et le deuil du trépas.
Habitants de ces lieux, quel sommeil vous enchaîne !
Hélas ! En ce moment, et le mont et la plaine,