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Elle a revu déjà la lumière et Gilfort ;
Mais, en le retrouvant dans ces lieux pleins d'alarmes,
Un noir pressentiment l'avertit de son sort.
« Ah ! Ce n'est que sur toi que je verse des larmes !
Quel crime as-tu commis pour demander la mort ?
As-tu dicté des lois à la fière Tamise ?
D'une reine superbe as-tu bravé l'effort,
Et porté la couronne à son orgueil promise ?
C'est moi, c'est mon amour qui t'entraîne au tombeau !
Sans ce fatal hymen, dont le courroux céleste
À la voix de ton père alluma le flambeau,
Libre, heureux, étranger à mon destin funeste,
Rien de ton avenir n'aurait troublé le cours ;
Un bonheur éternel eût embelli tes jours...
Mais que dis-je ? Mon sang doit suffire à la reine.
Jure de me survivre, et qu'au moins cet espoir,
À mon dernier moment, adoucisse ma peine...
Ma bouche te l'ordonne et t'en fait un devoir. »

Mais leur malheur bientôt passera leur attente,
Et le ciel les réserve à des tourments nouveaux.
Un prêtre tout-à-coup devant eux se présente ;
Il est accompagné de féroces bourreaux.
« J'exécute à regret les ordres de la reine :
Madame, il faut mourir ; mais tremblez... votre époux
Sous le fer suspendu doit périr avant vous...
Ah ! De vos jours si beaux ne rompez pas la chaîne ;
Abjurez les erreurs de vos faibles aïeux,
Et d'une grande reine embrassez la croyance ;