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L'aube alors s'avançait de roses couronnée ;
Ophélie, en ces lieux, consacrés à la mort,
Comme aux jours de bonheur, se tourne vers Gilfort :
Mais du songe charmant elle est abandonnée ;
Des fers et l'échafaud, voilà quel est son sort.
Tout-à-coup, ô vengeance ! ô terreur imprévue !
Son cachot s'est ouvert. Ceinte de cheveux blancs,
Une tête hideuse épouvante sa vue,
Tombe, bondit, et roule à ses pieds chancelants.
Ah ! Ce fatal aspect accable son courage :
Voilà de son aïeul le front majestueux !
Quoi ! Marie a donc pu, dans l'excès de sa rage,
Tremper ses mains au sang d'un vieillard vertueux !...
Ô ciel ! Et si l'objet de sa flamme constante,
Si Gilfort, maintenant sous le glaive assassin....
Une invincible horreur fait palpiter son sein.
Tandis que dans les pleurs, le deuil et l'épouvante
Elle attend... tel qu'une ombre échappée au cercueil,
Muet, pâle, couvert de longs habits de deuil,
Devant elle Gilfort à l'instant se présente.
« Gilfort ! Ah ! Cher époux, enfin je te revois ;
La fureur de Marie.... » Elle dit, et sans voix,
Sans haleine, à ses pieds elle tombe expirante.
Gilfort tremble, pâlit et chancelle à son tour.
Il presse dans ses bras son épouse chérie,
Et bientôt soulevant sa tête appesantie,
À travers un nuage et de pleurs et d'amour,
Il voit briller encor les beaux yeux d'Ophélie.