Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/333

Cette page n’a pas encore été corrigée

Se mêle aux doux accords des zéphyrs et des eaux :
Tout est sombre, muet pour l'aimable captive ;
Tout dort, à ses côtés, du sommeil des tombeaux.

Ainsi donc cette fleur, naguère épanouie,
Le parfum du bocage, et l'orgueil du printemps,
Qui, dès l'aube du jour, sur les flots inconstants,
Aimait à balancer sa tête réjouie,
Cette fleur, qu'épargnait le courroux des autans,
Dont le sein amoureux s'abreuvait de rosée,
Va bientôt se flétrir sur sa tige brisée !...
Ô ciel ! Qu'il est affreux, dans l'âge des plaisirs,
Quand la beauté naissante éveille les désirs,
D'entrevoir, un moment, la pompe nuptiale,
Et de fuir un époux dans la tombe fatale !
Ophélie, ah ! Du moins si le destin jaloux
Avait permis qu'un fruit de ton doux hyménée,
Qu'un rejeton d'amour, bercé sur tes genoux,
Consolât de Gilfort la vie infortunée !
Mais tu descends entière auprès de tes aïeux :
Un fils n'ira jamais, à côté de son père,
Arroser ton cercueil de pleurs religieux,
Et demander au ciel le bonheur d'une mère !...
Mais la religion lui prête son secours ;
Elle voit sans regret, à la fleur de ses jours,
S'évanouir l'éclat de la grandeur suprême.
La foudre a, sur son front, brisé le diadême ;
Des fers chargent ses mains : amour, gloire, trésors,
Elle perd tout : eh bien ! Son courage est le même,