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Elle se tait ; et belle et les cheveux épars,
Elle enflamme Gilfort de l'espoir qui l'anime....
De farouches soldats entrent de toutes parts,
Et traînent dans les fers l'héroïque victime.
Gilfort est resté seul.... seul avec son malheur.
Dans ce palais brillant d'une splendeur fatale
Il s'égare, et devant la couche nuptiale
De ses plaisirs détruits il repaît sa douleur.
Qu'elle fut courte, hélas ! Cette nuit fortunée
Qui prêta son mystère aux plus tendres amours !
La lune, dans le ciel, recommençait son cours,
Et ses feux argentaient la couche d'hyménée ;
Maintenant sa clarté, mourante au haut des cieux,
D'un bonheur aussi doux n'est plus dépositaire ;
Elle luit tristement sur ce lit solitaire
Qu'amour n'enchante plus de ses folâtres jeux.

Cependant Ophélie, au désespoir livrée,
D'un père, d'un époux à la fois séparée,
S'entretient de ses maux dans le fond d'une tour
Que n'éclaira jamais l'oeil consolant du jour.
Au lieu de cette foule à lui plaire assidue,
D'un trône et des honneurs sous ses pas déployés,
Une ombre impénétrable, en ces murs répandue,
N'offre que son horreur à ses yeux effrayés.
Nul bruit ne vient frapper son oreille attentive.
C'est en vain que l'aurore, au visage riant,
De rubis et de fleurs parsème l'orient,
Et que du rossignol la romance plaintive