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Un bruit lugubre et sourd fait frémir le feuillage ;
L'éclair serpente et luit sous un ciel sans nuage ;
Nul souffle dans les airs : l'Etna sort du sommeil.
Quel sinistre murmure annonce son réveil !
Un épais tourbillon de cendre et de fumée
S'échappe, au même instant, de sa bouche enflammée ;
Il rugit, et du fond de ses noirs soupiraux
Mille rochers ardents, mille foudres rivaux
Se heurtent en fureur ; et la nuit ténébreuse
S'éclaire, devant eux, d'une lumière affreuse.
Aux lueurs de l'éclair et du mont courroucé,
Loin des jeunes époux tout a fui dispersé ;
Ils restent seuls, perdus dans la forêt immense.
Ô Dieu, sur Orsano jette un oeil de clémence !
De sa tremblante épouse il raffermit les pas :
« Eh bien ! Dit-elle, eh bien ! Tu ne m'en croyais pas !
Défends-moi maintenant de l'horrible tempête,
De ce ciel irrité qui menace ma tête.
Cher époux ! Ton amour ne peut me secourir ;
Ne songe qu'à toi-même, et laisse-moi mourir. »
Ses genoux, à l'instant, se dérobent sous elle :
Mais Orsano, qu'anime une force nouvelle,
L'enlève dans ses bras, et pâle, échevelé,
L'emporte au bruit du ciel par l'orage ébranlé.
Plus d'un sentier confus l'égare dans la route :
L'ange de l'infortune en eut pitié sans doute.
Le déplorable amant, après mille détours,
Du château d'Amélie a reconnu les tours.