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Dieu te rejoint à moi ; du monde il te sépare :
Ton banquet nuptial dans les cieux se prépare.

À ces mots, elle a fui mon regard alarmé....
Cependant, Orsano, je t'aurais tant aimé !...
— Peux-tu croire, un moment, que ta mère chérie,
Abandonnant le ciel, sa nouvelle patrie,
Brise des nœuds par elle approuvés autrefois ?
Non, je suis ton époux, et l'époux de son choix. »
Il se tait ; et pourtant, près de l'objet qu'il aime,
D'une vague terreur il est frappé lui-même.
Mais, pour mieux célébrer ces instants solennels,
Retentissent les sons des joyeux ménestrels.
On dresse les banquets ; les antiques bannières
Flottent sur le sommet des tours hospitalières :
Les filles des vassaux, d'une moisson de fleurs,
Pour l'hymen d'Amélie, ont tressé les couleurs ;
« Comme un songe riant leur éclat s'évapore,
Dit-elle ;.... ce matin, elles vivaient encore. »
Le festin se termine, et déjà, moins ardent,
Le disque du soleil penche vers l'occident.
Dans la vieille forêt la fête est transportée.
La cime des hauts pins, doucement agitée,
Balance ses parfums aux derniers feux du jour ;
Tout rit dans la nature : Amélie, à son tour,
D'un avenir plus doux ose entrevoir l'aurore ;
Son beau teint, par degrés, s'anime, se colore ;
Ses yeux remplis d'amour, de charme, de langueur,
Déjà vers son époux.... tout-à-coup, ô douleur !