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Les sons du rossignol, que l'écho solitaire
Renvoyait affaiblis aux murs du sanctuaire ;
Les vallons embaumés du souffle matinal ;
La rose au sein pudique et le lis virginal,
Et les vertes forêts que la pourpre colore....
Tout semblait saluer et l'hymen et l'aurore.
Mais les jeunes amants sont au pied des autels ;
Le pontif a reçu leurs serments immortels ;
Tout-à-coup Orsano, jetant sur Amélie
Un regard plein d'amour, la voit pâle, affaiblie....
Elle tremble, et des pleurs s'échappent de ses yeux :
Enfin ils sont époux. Bientôt, loin de ces lieux,
Ensemble ils ont revu le toit héréditaire.
« D'où naît, dit Orsano, ce trouble involontaire ?
Pourquoi donc, en tes yeux et sur ton front charmant,
Ne vois-je pas l'excès de mon ravissement ?
De quel muet effroi tu sembles poursuivie !
Te repens-tu déjà du bonheur de ma vie ? »
« — Orsano, lui répond la sensible beauté,
Va, mon cœur est heureux de ta félicité ;
Mais, quand à l'éternel j'adressais ma prière,
J'ai cru voir.... non, j'ai vu le spectre de ma mère
S'approcher de l'autel, éteindre les flambeaux,
Et de loin me montrer la route des tombeaux.
La fantôme a paru tristement me sourire....
— Ah ! Tu m'as fait frémir. — Sa voix semblait me dire :
C'est en vain qu'Orsano veut régner sur ton cœur ;
Dieu ne te permet pas de faire son bonheur ;