Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/325

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et de ces longs cheveux les ondes caressantes,
Et de ce corps de lis les formes ravissantes,
Le malheureux s'abuse, et sa crédulité
Lui fait d'une mortelle une divinité.

L'éclair brille soudain.... la foudre vengeresse
Gronde, et brise, à ses pieds, l'autel et la déesse.
Dans un vallon tranquille, aux campagnes d'Enna,
Que de ses flots brûlants fertilise l'Etna,
S'élevait, entouré de parfums et d'ombrages,
Un château, monument des antiques pélages ;
Pure comme un beau jour de ces climats riants,
Sous les yeux paternels, Amélie, à seize ans,
De tous les dons du ciel fleurissait embellie ;
Pourtant on ignorait quelle mélancolie
Lui faisait des destins pressentir le courroux,
Et versait dans son cœur un charme triste et doux.
On ne la voyait point sur l'émail des prairies,
Au printemps, égarer ses molles rêveries,
Ni, dans les bois prochains devançant le soleil,
Des oiseaux et des fleurs épier le réveil.
Elle aimait à gravir la roche solitaire ;
À voir l'astre des nuits sortir, avec mystère,
Des flancs noirs du nuage, et de pâles rayons
Blanchir l'azur des flots et la cime des monts.
Bien jeune, elle pleurait une mère adorée.
Par les soins d'un époux, en marbre figurée,
Cette mère si tendre, à ses pieds, chaque jour
Voyait couler des pleurs de regret et d'amour.