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CINQUIÈME VEILLÉE.

 
A-t-on vu, dans les nuits de l'été dévorant,
Se détacher du ciel un météore errant,
Qui s'éteint au milieu de sa chute enflammée ?
Tel est notre destin. L'or et la renommée,
Le trône, les plaisirs, tous ces fantômes vains
Qu'adorent, à genoux, les vulgaires humains,
Rien ne peut à nos lois, par un charme suprême,
Assujettir le souffle émané de Dieu même.
Oui, ces réseaux mouvants, ces fils inaperçus,
Que, sous les toits déserts, l'araignée a tissus,
Sont plus forts que les nœuds dont l'étreinte nous lie
Un moment au bonheur, un moment à la vie.
Ô douleur ! Que de fois un père en cheveux blancs
Pleura sur le tombeau de ses jeunes enfants !
Hélas ! Il se flattait qu'un jour leur main si chère
Au soleil des vivants fermerait sa paupière ;
Il les voyait sourire, et son cœur enchanté
Les dotait, en espoir, de l'immortalité.
Mais qu'un amant sur-tout à tromper est facile !
Comme il prête au plaisir une oreille docile !
En voyant de ce front l'incarnat vif et pur,
L'albâtre d'un beau sein que nuance l'azur,