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Des sylphes vagabonds, aux épaules d'albâtre,
À la robe d'azur, aux cheveux d'or épars ;
Mais qu'un mensonge heureux enchante ses regards,
Ou que d'un faux péril elle soit alarmée,
Tout lui parle en secret du dieu qui l'a formée ;
Tout lui dit que sa main l'enchaîna dans nos corps
Pour en faire mouvoir les flexibles ressorts ;
Mais qu'elle doit un jour, à la gloire rendue,
Remonter vers celui dont elle est descendue.
Et l'homme cependant à toute heure, en tout lieu,
Couvert de la présence et du pouvoir d'un dieu,
Sur ce globe d'exil s'agite et se tourmente !
Plus son espoir s'accroît, plus sa terreur augmente.
Le monarque et le pâtre, irrités de leur sort,
Se plaignent tous les deux, et redoutent la mort.
En murmures ingrats tous deux ils se confondent,
Et du chaume au palais les soupirs se répondent.
Mortel ! Ces longs ennuis ne t'annoncent-ils pas
Quel bonheur, à tes vœux, réserve le trépas ?
Vois enfin ta noblesse ; apprends à te connaître :
Tu naquis pour mourir, mais tu meurs pour renaître.
Que le sage est heureux ! Sûr de vivre toujours,
Je l'entends s'écrier : « Pâlis, flambeau des jours !
Levez-vous, ouragants, et soufflez la tempête !
Astres, éteignez-vous ! Cieux, croulez sur ma tête !
Mon âme invulnérable, à travers vos débris,
Monte, comme la flamme, aux célestes lambris ;
Mon âme du très-haut est l'image vivante :