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S'environne de pompe et de magnificence,
À travers mille efforts par l'obstacle excités,
À la cime des monts il suspend des cités.

Animé par ses doigts, ici l'airain soupire ;
Là palpite le marbre, et le bronze respire :
Plus loin la terre s'ouvre et cède ses trésors ;
L'océan contenu bat, en grondant, ses bords :
Les cieux sont dévoilés ; heureux dans son audace,
L'homme soumet aux arts la nature et l'espace ;
En naissant il trouva son séjour ébauché :
À sa perfection, à toute heure attaché,
Il travailla long-temps ; et Dieu, qui le seconde,
Acheva, par ses mains, l'édifice du monde.
Et ce fier conquérant, une fois terrassé,
Verrait tout son éclat dans la poudre effacé !....
Quoi ! Lorsque le héros, le poëte, le sage,
Ont franchi de la mort le terrible passage,
Que la tombe, sur eux, se fermant à grand bruit,
Enveloppe leurs fronts d'une profonde nuit,
Il ne resterait d'eux qu'une vile poussière !
Ah ! Si tel est le sort des fils de la lumière ;
Trahi dans son espoir, si l'homme infortuné
Du dieu qui le forma doit être abandonné,
Bravons ce dieu jaloux, ce tyran solitaire ;
Qu'il reprenne des jours, présent de sa colère !
Insensé que j'étais ! Devant lui confondu,
Au pied de ses autels que d'encens j'ai perdu !
Ô dieu, que trop long-temps mon cœur voulut connaître,