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QUATRIÈME VEILLÉE.

 
Pourquoi, me révoltant contre la destinée,
Déplorer nuit et jour, dans ma plainte obstinée,
Mes parens, mes amis au tombeau descendus,
Et la perte de ceux que je n'ai point perdus ?
Oui, de stériles pleurs pourquoi mouiller leur cendre ?
Dans un monde éternel ils sont allés m'attendre.
Ils coulent dans la paix des jours délicieux,
Et l'astre du matin luit toujours à leurs yeux.
Sans un espoir si doux à notre âme ravie,
Combien serait pesant le fardeau de la vie !
Qui pourrait ici-bas supporter ses malheurs,
Et ne pas rejeter la coupe des douleurs ?
Mais tout nous entretient du jour de la victoire.
Veux-tu d'un seul regard t'assurer de ta gloire,
Mortel infortuné ! Contemple l'univers !
Tu ne peux l'observer sans bénir les revers
Que répandit sur toi la sagesse suprême
Pour épurer ton front promis au diadême ;
Sans te croire immortel, et voir, ainsi que toi,
La nature subir l'inévitable loi.
Inconstante, mobile, elle se renouvelle,