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En tournant sur lui-même il échauffe sa masse,
Et dispense ses feux jusqu'aux bords de l'espace ;
Ardent, inépuisable en sa fécondité,
Inébranlable, et fixe en sa mobilité.
Soleil ! Astre sacré, contemple ton empire !
Tout vit par tes regards, tout brille, tout respire :
Souverain des saisons, le monde est ton palais,
Les globes sont ta cour, et le ciel est ton dais.
Notre terre, à tes yeux, sans fin se renouvelle,
Et roulant nos débris sur sa route éternelle,
Le temps emporte tout, mais il ne t'atteint pas.
Les révolutions, longs tourments des états,
Ébranlent notre globe et te sont étrangères ;
Tu n'es jamais troublé du bruit de nos misères ;
Et ton front, toujours calme, éclaire les tombeaux
Des peuples dont tu vis s'élever les berceaux.

Qui pourrait s'égaler à ta vaste puissance ?
Ta présence est le jour, la nuit est ton absence.
La nature sans toi, c'est l'univers sans dieu.
Père de la lumière, et des vents, et du feu,
Renfermant, dans les plis de ta robe éclatante,
Le rubis, l'émeraude, et l'opale inconstante,
D'une pluie à jets d'or inonde l'univers ;
Et, la décomposant dans le prisme des airs,
Nuance des saisons la mobile ceinture ;
Suspends, au front des bois, un réseau de verdure ;
Et, prodiguant partout un luxe de couleurs,
Dore, argente ou rougis le panache des fleurs ;
Donne un habit de neige au lis qui vient d'éclore,
Et l'arc-en-ciel au paon, et la pourpre à l'aurore ;
Et garde pour les cieux ce pavillon d'azur,
Ce manteau de saphir d'où s'échappe un jour pur,
Et que la vaste mer réfléchit dans son onde :
Voilà comme, par toi, se décore le monde.
Oh ! De quel saint transport mon cœur est agité !