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Les montagnes, les tours, les temples, les cités,
Dans l'abîme des eaux croulent de tous côtés ;
Les cieux sont des volcans ; mille éclairs en jaillissent ;
Mille foudres rivaux se croisent et rugissent ;
Tous les enfants de l'air, turbulents, vagabonds,
S'échappent, à la fois, de leurs antres profonds,
Se heurtent en courroux, et d'une aile hardie
Aux plus lointains climats vont porter l'incendie.
Les astres, arrachés de leurs axes brûlants,
Du sommet de l'éther l'un sur l'autre roulants,
Nourrissent de leurs feux la flamme universelle ;
Déjà brille et s'éteint la dernière étincelle.
Fuyons, fuyons la mort.... mais la mort est partout ;
Sur l'univers détruit son fantôme est debout.
Dans l'antique chaos la nature retombe ;
Toute une éternité va peser sur sa tombe.
Dieu chasse devant lui, comme de vains brouillards,
La poudre des soleils dissous de toutes parts ;
Et, porté sur un char où sa colère gronde,
Il passe, et, dans sa course, il efface le monde.