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Vous ne connaissez pas nos besoins renaissants,
Tous ces fougueux désirs, orages de nos sens.
Aussi pur que le ciel qui vous sert de ceinture,
Chacun de vous respire et nage à l'aventure,
En des flots lumineux, dont la foudre et les vents
Respectent le cristal et les trésors mouvants....
Eh quoi ! Vous m'entendez et n'osez me répondre !
Que votre voix s'élève et vienne me confondre,
Si dans ma folle erreur, multipliant les cieux,
Je tends, vers l'infini, mon vol audacieux.
Que dis-je ? Et qui pourrait, sans crime et sans blasphème,
Assigner quelque borne à l'artisan suprême ?
S'il créa d'un seul mot l'atome et l'univers,
N'a-t-il pu s'entourer de cent mondes divers ?
Mon âme aime à le croire : ici-bas exilée,
Elle vole en espoir dans la sphère étoilée,
Sous ces berceaux d'azur, à travers ces jardins
Où rayonnent la pourpre et l'or des séraphins.

Mortel qui, dans la nuit majestueuse et sombre,
Contemples, loin de moi, ces prodiges sans nombre,
Tous ces milliers de cieux, miroir éblouissant
Où vient se réfléchir le front du tout-puissant,
Oh ! Que le grand destin promis à ta noblesse,
Fasse battre ton cœur d'une saine allégresse ;
Reconnais du très-haut le bienfait paternel ;
Ces mondes passeront, toi seul es éternel.
Oui, toi seul.... mais où suis-je ? Et quel rayon m'éclaire !
L'avenir se dévoile à mon oeil téméraire ;