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Qu'importe, dites-moi, cet amas fastueux ?
Palais aérien, temple majestueux,
Loges-tu l'éternel ?... insensé ! Quelle audace !
Dès que je nomme Dieu, toute pompe s'efface.
L'univers, comme un point, disparaît devant moi,
Et le sujet se perd dans l'éclat de son roi.

Faut-il donc s'étonner qu'aux jours de l'ignorance,
Ces astres, qui des dieux offrent la ressemblance,
Aient usurpé l'encens des crédules mortels ?
Le sage, dans son cœur, leur dresse des autels,
Et, contemplant du ciel la majesté suprême,
Au milieu de la nuit se demande à lui-même :
« Quel art dut présider à ce dôme éclatant,
Sur un fleuve d'azur, sans orage flottant ?
Rien dans tous ses rapports n'annonce l'indigence.
La sagesse, le choix, l'ordre, l'intelligence,
Savamment confondus, brillent de toutes parts ;
Un seul lien unit tant de mondes épars.
Ô surprise ! Tandis qu'un mouvement rapide
Les emporte à travers cet océan limpide,
Que tout part, va, revient, se balance, s'étend,
Roule, vole, et se suit dans un ordre constant,
Quel silence profond règne sur la nature !
Quelle main de ces corps éleva la stature ?
Quel invisible bras, par la force conduit,
Sema d'or et de feux les déserts de la nuit,
De ces astres roulants étendit la surface,
Et versa leurs rayons au milieu de l'espace,