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Du globe des vivants, du terrestre horizon,
Détache, à cet aspect, ton cœur et ta raison ;
Suis mes pas sans effroi : viens ; nouveaux Prométhées,
Dérobons tous leurs feux aux voûtes argentées ;
Et, nous applaudissant de ce noble larcin,
Réveillons la vertu qui dort en notre sein.
Entre au fond du brasier où la foudre s'allume,
Où de l'éclair naissant bouillonne le bitume ;
Mesure sans pâlir, dans son orbe trompeur,
Cet astre vagabond qu'exagère la peur ;
Qui, les cheveux épars et la queue enflammée,
S'offre comme un fantôme à la terre alarmée.
Dans son horrible éclat, vois un ciel orageux ;
Ou plutôt, affranchi du tourbillon fangeux
Qui pesait sur ton âme et la tenait captive,
Dans un ciel tout d'azur que ta vue attentive,
S'égarant, au hasard, de beautés en beautés,
Compte du firmament les berceaux enchantés.
L'allégresse, l'amour, dans ton cœur se confondent.
Tu viens parler aux cieux, et les cieux te répondent.
Quels sublimes objets ! Quel luxe ravissant !
Le jour n'a qu'un soleil à l'horizon naissant ;
Et de mille soleils la nuit est éclairée.
Mille astres à ma vue interdite, égarée,
Épanchent â la fois des torrents lumineux
Qui, sans les fatiguer, éblouissent mes yeux.

Innombrables soleils, vous planètes errantes,
Et de lois et de mœurs familles différentes,