Page:Baour-Lormian - Ossian, suivi des Veillées poétiques, 1827.djvu/306

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous voyez votre maître, et ne trahissez pas
Le secret de l'enceinte où s'impriment ses pas.

L'enfant de Sybaris veille encore dans l'ombre :
Est-ce pour admirer les prodiges sans nombre
Qu'étale, à nos regards, la splendeur de la nuit ?
Non, non ; la volupté, dont l'attrait le séduit,
Le promène au milieu de ses fêtes impies.
De profanes beautés, rivales des Harpies,
Se disputent son or, l'abreuvent tour-à-tour
Du filtre, des poisons d'un impudique amour ;
Et le soleil, levé pour éclairer le monde,
Le retrouve abruti par la débauche immonde.
Arrête, malheureux ! Si ton cœur abattu
N'est pas sourd à ma voix et mort à la vertu,
Lève les yeux au ciel, qu'épouvante ton crime,
Et contemple, avec moi, sa majesté sublime.
S'il te faut des parvis et des dômes brillants
Où l'or se mêle aux feux des cristaux vacillants,
Viens sous la voûte immense où Dieu posa son trône ;
Et pour Jérusalem renonce à Babylone.

Vois l'astre au front d'argent : son éclat tempéré
Charme ton oeil vers lui mollement attiré :
Plus doux que le soleil il caresse ta vue,
Et te laisse jouir d'une scène imprévue.
Vois comme ses rayons tremblent sur les ruisseaux,
Mêlent l'albâtre au vert des jeunes arbrisseaux,
Se glissent, divisés, à travers le feuillage,
Et blanchissent au loin les roses du bocage.