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Plus fidèle que lui, sitôt que le printemps
Fait ondoyer des bois les panaches flottants,
Le même rossignol vient, dans la même enceinte,
Soupirer, près des morts, sa douleur et sa plainte.

Si l'homme seul du moins subissait le trépas !
Mais tous ses monuments ne lui survivront pas ;
Une seconde fois il meurt dans sa statue,
Et sous la faux du temps son ombre est abattue.
Homme, empire, tout meurt : où retrouver encor
Babylone, Corinthe, et la cité d'Hector ?
Elles ont disparu. Reine pâle et terrible !
Ô mort ! Ouvre à mes yeux la profondeur horrible
Du gouffre où, dans la nuit, flottent tes étendards.
Que de glaives rompus ! Que de spectres épars !
Mon souffle seul perdu dans cet espace immense,
D'un écho de la mort réveille le silence ;
Et le ver du sépulcre, effrayé par ma voix,
Ronge plus sourdement la dépouille des rois.

Mais qu'ai-je dit ? Au fond d'un vaste mausolée,
Sur la pierre funèbre, et de mousse voilée,
L'homme a-t-il donc besoin, pour deviner son sort,
D'attacher ses regards et de lire la mort ?
C'est en vain qu'il la fuit ; il la trouve à toute heure ;
L'artiste la suspend au sein de sa demeure.
Ces bronzes animés, ces portraits glorieux
Où son oeil voit revivre une foule d'aïeux,
Décorent ses lambris, relèvent leur richesse,
Et, comme des flatteurs, chatouillent sa faiblesse.