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SECONDE VEILLÉE.

 
Comme sur la prairie au matin arrosée
Étincelle et s'épand une fraîche rosée,
Qui bientôt en vapeurs remonte vers les cieux ;
Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux.
Toi que j'appelle en vain, durant la nuit obscure,
Emma, toi de mon cœur éternelle blessure,
Hélas ! Où retrouver ton sourire charmant,
Ton entretien si doux, ton folâtre enjoûment ?
Qui me rendra ces jours de paix et d'innocence,
Où l'un et l'autre, à peine en notre adolescence,
Par les mêmes penchans nos cœurs prompts à s'unir,
Des roses du bonheur couronnaient l'avenir ?
Dans ce monde désert, mon oeil te cherche encore.
Comme un lis virginal qui passe avec l'aurore,
Belle et le front couvert des ombres de la mort,
Ta défaillante voix me dit avec effort :
« Je n'ai vu qu'un matin. Le vent de la tempête
Autour de moi se lève, et fait ployer ma tête.
Demain, ce beau soleil, ô regrets superflus !
Brillera pour un monde où je ne serai plus :
Il nous faut séparer ; et déjà ma paupière.....
Ô d'un si chaste amour qui t'aimera, mon frère ? »