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Regarde, reconnais ce Médor tant chéri,
Compagnon de son maître et par ses mains nourri....
La lune, en ce moment, sur le bois homicide
Laissait tomber à peine un jour sombre et livide.
De son dernier malheur osant douter encor,
À travers la forêt, sur les pas de Médor,
Azémire s'élance. Enfin Médor s'arrête.
Azémire !... la foudre éclate sur sa tête.
Quel objet ! Son Edvin meurtri, défiguré !...
Elle attache sur lui son oeil désespéré,
Horriblement sourit, et de ses mains tremblantes
Parcourt, semble compter les blessures sanglantes.
« Eveille-toi, dit-elle, il est tard.... à l'autel
On nous attend tous deux.... quel silence mortel !
Edvin, ouvre les yeux.... reconnais Azémire !...
Comme ton sein est froid !... » Sa voix alors expire :
Elle chancelle, tombe, et bientôt la douleur
Décompose ses traits, presse et brise son cœur.

Le jour parut enfin. Loin de ces lieux funestes
Du couple malheureux on emporta les restes.
Le château paternel s'enveloppe de deuil ;
La guirlande d'hymen entoure le cercueil ;
Et la mer, rugissant autour des funérailles,
D'un insensible flot bat ces tristes murailles.