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POÉSIES

Ces monts chargés de glaces éternelles,
Ces ruisseaux que vos yeux viennent d’apercevoir.
Ne mouillent point Étha d’une onde fugitive ;
Les tours de Caïrbar pèsent sur cette rive ;
Vous retombez en son pouvoir.
Vous qui déçûtes leur attente,
Vents du midi , que faisiez-vous alors ?
Pourquoi sur nos paisibles bords
Dépouiller le chardon de sa robe piquante ?
Que n’alliez-vous enfler les voiles de Nathos ?
Que ne présentiez-vous à sa vue empressée
Et le toit paternel, et les riants coteaux
Où sa jeune valeur s’était tant exercée ?
Qu’aisément, ô Nathos ! tu maîtrisas le cœur
De la jeune beauté qui te suit et t’implore !
Ton visage avait la douceur
Des premiers rayons de l’aurore ;
Tes cheveux passaient en noirceur
L’aile du corbeau d’Inistore ;
Le gazouillement des ruisseaux,
Le doux murmure du zéphirc
Qui se joue entre les roseaux,
L’air pur que le chasseur respire
Assis le soir au bord des eaux,
Sur les sens avaient moins d’empire
Que les sons flatteurs de ta voix.
Mais quand dans les combats tu poursuivais les rois,
Tu ressemblais à la mer irritée