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Non, ministre d'un dieu, l'équitable sommeil
Vient punir des forfaits qu'éclaira le soleil.
Le crime, tourmenté de noires rêveries,
S'agite, se débat sous le fouet des furies.
L'innocence respire un air pur et serein ;
L'espoir, la douce paix habitent dans son sein ;
Et ces enfans du ciel, sur son front qui repose,
Versent tous les parfums de leurs ailes de rose.

Maintenant échappés de leurs antres secrets,
Les brigands réunis veillent dans les forêts :
L'oeil sombre, et respirant une homicide joie,
À travers ces détours ils attendent leur proie.
Un bruit lointain les frappe... ils s'arment... ciel vengeur !
Sous leur couteau de mort tombe le voyageur...

Voyez-vous, au milieu de la plaine rustique,
L'herbe haute flottant sur ce tombeau gothique ?
Non loin d'un vieux manoir s'élèvent ses débris ;
Lorsque le voyageur, par l'orage surpris,
Vient se réfugier au sein de ces décombres,
Il voit, à ses côtés, errer de pâles ombres ;
Et sitôt que les vents et la foudre ont cessé,
Il s'éloigne interdit, muet, d'horreur glacé,
Et n'ose raconter quels étranges mystères
Se passent dans la nuit de ces murs solitaires.

Un ange de pudeur, d'innocence et d'amour,
Azémire, autrefois habitait ce séjour.
Edvin idolâtrait sa grâce enchanteresse,
Et la jeune beauté partageait sa tendresse.