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Et les spectres, du fond des sombres monuments,
Accourent éveillés par leurs enchantements.
Que dis-je ? Ah ! Des tombeaux franchissant la barrière,
Si les morts, en effet, rendus à la lumière,
Reviennent quelquefois errer autour de nous,
Ô ma mère ! ô ma sœur ! Spectres charmants et doux,
À cette heure de paix quand ma voix vous appelle,
Pourquoi reposez-vous dans la nuit éternelle ?
Mais du fatal sommeil qui s'endort une fois
De la tombe jamais ne soulève le poids.

Tout est calme. Zéphyr m'apporte sur son aile,
Avec l'esprit des fleurs, les sons de Philomèle :
Tandis que, par ses chants de tristesse et d'amour,
Les bois sont consolés de l'absence du jour,
Que fait l'homme, ce roi dont la force ou l'audace
De la terre et du ciel lui soumettaient l'espace ?
Naguère à la clarté d'un soleil radieux,
Il étendait partout ses soins laborieux,
Du poids de ses vaisseaux chargeait l'onde inconstante,
Emprisonnait les vents dans la voile flottante,
Parcourait l'univers en monarque indompté,
Et semblait le remplir de son immensité.
Que fait l'homme ? Au repos son ame s'abandonne ;
Il abdique un moment sa brillante couronne ;
Le sommeil sur son front épanche des pavots,
Et lui verse l'oubli de ses mâles travaux.

Mais quoi ! Tous les mortels sans trouble, sans alarmes,
Du repos, à longs traits, savourent-ils les charmes ?