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L'enfant du nord, errant au sein des bois profonds,
Des esprits lumineux, des sylphes vagabonds,
Rois au sceptre de fleurs, à l'écharpe légère,
Voit descendre du ciel la foule mensongère.
Dans la coupe d'un lis tout le jour enfermés,
Et le soir, s'échappant par groupes embaumés,
Aux rayons de la lune ils viennent en cadence
Sur l'émail des gazons entrelacer leur danse ;
Et de leurs blonds cheveux, dégagés de liens,
Les zéphyrs font rouler les flots aériens.
Ô surprise ! Bientôt dans la forêt antique
S'élève, se prolonge un palais fantastique,
Immense, rayonnant du cristal le plus pur.
Tout le peuple lutin, sous ces parvis d'azur
Vient déposer des luths, des roses pour trophées ;
Vient marier ses pas aux pas brillants des fées,
Et boire l'hydromel qui pétille dans l'or,
Jusqu'à l'heure où du jour l'éclat douteux encor,
Dissipant cette troupe inconstante et folâtre,
La ramène captive en sa prison d'albâtre.

Plus loin, au pied d'un mont obscurci de vapeurs,
Sous le chêne d'Odin, les trois fatales sœurs,
Monstres que le danois en frémissant adore,
Au fracas du torrent, aux feux du météore,
D'un breuvage fatal commencent les apprêts.
Quel est le roi puissant que menacent leurs traits ?
Un poignard à la main, pâles, échevelées,
Elles chantent. Leur voix rugit dans les vallées ;