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l’intimé. L’exploit, mademoiselle, est mis sous votre nom. Racine. Les Plaideurs^ Acte II, Scène ii. Quand avons-nous manqué d’aboyer au larron? Témoin trois procureurs, dont icelui Citron A déchiré la robe. On en verra les pièces. Pour nous justifier, voulez-vous d’autres pièces? Racine. Le» Plaideur», Acte II, Scène m. Et la Mort, lui montrant le pain, dit : « Fils des dieux, « Vois ce pain. » Et Ninus répond : « Je n’ai plus d’yeux. » Victor Hugo. Zim^Zizimi. La Légende des Siècles. Je suppose que vous songez à Ariane aban- donnée par Thésée dans l’île de Naxos. Un mot net, clair, décisif, à la fois familier et tragique sur- gira dans votre pensée : le mot laissée. Ariane est seule, perdue, et Thésée Ta laissée là, comme on laisse un objet embarrassant ou importun. Laissée est si bien le mot nécessaire que, dans la situation donnée, il est celui qu’emploieraient les reines et les couturières. Vous voulez que ce soit Phèdre qui raconte l’abandon de sa sœur Ariane, et dès lors vous avez quatre mots absolus, inévi- tables, Ariane, ma sœiir, et laissée. Cherchez dans votre mémoire ou dans le dictionnaire des rimes le mot qui rime le plus richement, le plus exacte- ment avec laissée; tout de suite vous trouvez bles- sée, et puisque vous avez affaire à un son qui ne