de la prétendue école poétique dite : ÉCOLE DU BON SENS
Tu sais que la ridicule école dite ; l’École du
Bon Sens, n’a rien produit et ne pouvait rien
produire. Molière, au premier acte des Femmes Savantes, en a dit la raison par la bouche de la
dédaigneuse Armande :
Quand sur une personne on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler[1],
Et ce n’est point du tout la prendre pour modèle,
Ma sœur, que de tousser et de cracher comme elle.
Or, les écoliers de l’École du Bon Sens n’ont pas fait autre chose que de tousser et de cracher comme Molière. C’est à-dire que, se gardant bien d’imiter son art de peindre les caractères, son dialogue net, vrai, précis, éclatant, sa haute philosophie et ses belles inventions comiques, ils ont platement reproduit ses archaïsmes et le jar-
- ↑ Ces deux vers, reproduits dans toutes les éditions, ont été
arrangés par Boileau. Voici la première rédaction telle qu’elle
avait été faite par Molière :
Quand sur une personne on prétend s’ajuster,
C’est par les beaux côtés qu’il la faut imiter.
Note de M. Charles Louandre dans son édition de Molière. (Charpentier, 1862.)