arts, les arts somptuaires et de décoration et les termes techniques de tous les métiers. Furetière avait désiré que le poëte appelât les choses par leur nom, et Théophile Gautier a réalisé son désir. Lorsqu’il décrit, par exemple, les merveilles de la sellerie arabe, c’est avec les termes qu’emploierait un sellier, ce qui ne l’empêche pas d’être le plus exquis et le plus délicat des poëtes.
Les imbéciles peuvent seuls avoir la prétention de tirer de leur âme les termes des sciences, des arts et des métiers qu’ils n’ont pas étudiés dans les ouvrages spéciaux. Toute école poétique périt, jamais par l’exagération de la splendeur ou de la préciosité , comme on le prétend toujours, mais par l’excès du vague et de la platitude. Ce vague et cette platitude sont engendrés par la seule ignorance. C’est elle qui arrive à créer cette phraséologie de convention et de lieux communs dont aucune école n’est exempte. L’admirable poésie du xixe siècle a ses lieux communs aussi bien que la détestable poésie du xviiie siècle, et les uns ne valent pas mieux que les autres.
Sans la justesse de l’expression pas de poésie, et sans une science profonde, solide et universelle, tu chercherais en vain, sans les rencontrer jamais, le mot propre et la justesse de l’expression.