Ce qu’il y a de vraiment surprenant dans le Sonnet, c’est que le même travail doit être fait deux fois, d’abord dans les quatrains, ensuite dans les tercets, — et que cependant les tercets doivent non pas répéter les quatrains mais les éclairer, comme une herse qu’on allume montre dans un décor de théâtre un effet qu’on n’y avait pas vu auparavant.
Enfin, un Sonnet doit ressembler à une comédie bien faite, en ceci que chaque mot des quatrains doit faire deviner — dans une certaine mesure — le trait final, et que cependant ce trait final doit surprendre le lecteur, — non par la pensée qu’il exprime et que le lecteur a devinée, — mais par la beauté, la hardiesse et le bonheur de l’expression. C’est ainsi qu’au théâtre un beau dénouement emporte le succès, non parce que le spectateur ne l’a pas pré vu, — il faut qu’il l’ait prévu, — mais parce que le poëte a revêtu ce dénouement d’une forme plus étrange et plus saisissante que ce qu’on pouvait imaginer d’avance.
3° Je répète ici ce que j’ai dit pour la Ballade. Il y a un procédé méprisable avec lequel on peut faire, en éludant toutes les difficultés et sans aucune peine, quelque chose qui a l’air d’être un Sonnet. Ce procédé consiste à commencer le Sonnet par le dernier vers et à remonter de la fin au