Mais ne poussons pas plus loin cet exemple. Pour les Terza Rima, le poëte qu’il faut lire et étudier toujours, c’est Théophile Gautier, maître et seigneur absolu de ce rhythme, qu’il a poussé à la dernière perfection, comme tous ceux aux- quels il lui a plu de toucher :
Sur l’autel idéal entretenez la flamme,
Guidez le peuple au bien par le chemin du beau,
Par l’admiration et l’amour de la femme.
Comme un vase d’albâtre où l’on cache un flambeau.
Mettez l’idée au fond de la forme sculptée,
Et d’une lampe ardente éclairez le tombeau.
Que votre douce voix, de Dieu même écoutée.
Au milieu du combat jetant des mots de paix,
Fasse tomber les flots de la foule irritée.
Que votre poésie, aux vers calmes et frais,
Soit pour les cœurs souffrants comme ces cours d’eau vive
Où vont boire les cerfs dans l’ombre des forêts.
Faites de la musique avec la voix plaintive
De la création et de l’humanité.
De l’homme dans la ville et du flot sur la rive.
Puis, comme un beau symbole, un grand peintre vanté
Vous représentera dans une immense toile.
Sur un char triomphal par le peuple escorté :
Et vous aurez au front la couronne et l’étoile !
Comme on le voit, dans les Terza Rima, le premier et le troisième vers de la première stro-