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explique pourquoi nous marchons résolument sur de prétendues règles qui ne sont pas seulement meurtrières, mais qui ont le tort plus grave encore d’être absolument niaises et inutiles.

Encore une fois, déchirons, supprimons, jetons au vent tout le fatras ! — D’une part, il existe un grand nombre de strophes d’odes, dont les grands poëtes, tant dans les époques primitives qu’au xvie siècle et dans le présent xixe siècle, ont créé la forme admirable et immortelle, soit à l’imitation des lyriques orientaux, grecs et latins, soit par le propre effort de leur génie, obéissant aux mêmes lois qui régissent le cours des astres et modèrent toutes les forces de la nature. Ce trésor des strophes d’ode déjà existantes peut être augmenté, et en effet est augmenté tous les jours par les poètes douée du génie de la métrique. Et toutefois il faut qu’eux-mêmes ils prennent bien garde de ne pas inveixter inutilement des strophes moins belles que celles qui existent déjà, et ne s’appliquant pas à des usages différents ou n’étant pas aptes à produire des effets nouveaux. C’est grossir à tort et démesurément le matériel que comporte la tradition de notre art, matériel déjà si long à étudier que les poëtes modernes négligent et laissent tomber en désuétude, faute de les connaître ou d’en avoir deviné l’emploi, beaucoup