liemment, à laquelle ils ne pouvaient obéir sans
révolte et qui ne fut réellement acceptée qu’au
XVIIIe siècle (nous verrons pourquoi), d’où venait-elle et quelle était son origine ?
Sur quoi Boileau appuyait sa règle draconienne.
Sur rien.
Voilà ce qu’il y a de plus remarquable. Cette règle de Procuste, au nom de laquelle tant d’écrivains se sont vu couper les bras et les jambes, elle ne s’appuie sur rien, elle ne tient à rien, elle ne vient de nulle part. Boileau littéralement l’a prise sous son bonnet, pareil à ces tyrans qui la nuit viennent s’établir dans une citadelle mal gardée, et le lendemain publient que le vœu unanime du peuple les a investis du pouvoir souverain. Interrogez les versifications de tous les peuples, de tous les pays, de tous les temps : partout le sens suit son chemin, et le rhythme suit son chemin, chacun d’eux allant, courant, volant avec toute liberté, sans se croire obligés de se mêler et de se confondre et de régler leur pas l’un sur l’autre. Ce sont deux oiseaux volant côte à côte, mais ne s’interdisant ni l’un ni l’autre le droit de s’écarter d’un coup d’aile, pourvu qu’ils arrivent ensemble au même but. Dans Homère, dans Virgile, dans