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NOUS TOUS.


L’âpre musique des Tziganes,
Pensive comme le Destin,
Étonne et ravit les organes
Agacés par son bruit lointain,

Et jette, comme une caresse,
Dans l’âme de nos Dalilas,
Un vague désir de paresse,
Avec la chanson des guzlas.

Quant au passé, qui sous les lustres
Enchanta notre œil ébloui
Avec ses tordions illustres,
Tout cela s’est évanoui.

Chicard danse dans les étoiles !
Et son plumet tressaille encor
Dans l’azur, et parmi les toiles
De ce vertigineux décor.

Pomaré, chaste en sa démence
Dont jamais nous ne nous lassions,
Danse un cavalier seul immense
Avec les constellations ;