Page:Banville - Nous tous, 1884.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
122
NOUS TOUS.


Ou, si vous le voulez aussi,
J’aime la joie et son délire.
Répondez, madame, est-ce ici
Le monde où l’on se tord de rire ?

Rose écoute ces mots ardents
Et regarde, presque touchée,
Le jeune ingénu, dont ses dents
Feraient à peine une bouchée.

Rose qui connaît tout, le suc
Des poisons, le goût de la lie
Et tout le reste, dit à Luc,
En levant ses yeux d’Ophélie,

Ses pâles yeux diamantés
Où frissonne un tragique rêve :
Jeune homme, allez-vous-en. Partez.
C’est ici le monde où l’on crève !


18 janvier 1884.