Page:Banville - Marcelle Rabe.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée

48 MARCELLE RABE,

signe du génie. J’avais rêvé de vous donner non l'amour, qui n’existe qu’entre des êtres purs, mais un dévouement obscur, obstiné, que vous n’auriez même pas connu, et pour vous éviter un petit ennui que vous ne sentirez même pas, je me serais jetée sous la roue d’un chariot. Ah! si les têtes n’étaient pas barrées par le songe, par le vain fantôme de l'irréalisable amour, on comprendrait ce que c’est,une femme qui vous appartient, non par le vil lien de la chair, mais par ce qui reste en elle de vrai, de pur et d'humain, et qui vous adorerait dans les maux et dans les épreuves. -Non, dit Mathis, ne m’offrez pas votre amitié j’ai trop souffert, je vous désire trop follement pour accepter la froide affection et le calme dévouement d’une mère. Ni cela, ni votre corps jeté comme un don de pitié et comme une proie. L'amour est contagieux et je veux que vous m'aimiez. Vous aviez peur que l'affreux mot ingratitude ne me vint.