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L’ILLUSTRE THÉÂTRE



Tout annonce un événement dans le monde dramatique. Déjà les hommes de goût essuient les verres de leurs pince-nez. Au haut du ciel, des vapeurs écarlates et roses imitent les banderoles flottantes, et des demoiselles, brillantes comme des libellules, entrent en foule chez le marchand de gants à vingt-neuf sous.

Cependant elle s’impatiente derrière son rideau, la fille du divin Aristophane, la Comédie. Elle s’impatiente, et elle agite son front taché de lie, ombragé d’un bandeau de vigne et de raisins. Elle gourmande ses domestiques, et les frappe de sa marotte, où chantent des grelots d’argent et d’or.

— Allons, s’écrie-t-elle, courage, fainéants ! Ô machinistes dépourvus de la flamme sacrée, ô régisseurs plus lents que des tortues, n’entendez-vous pas que le peuple le plus spirituel de l’univers commence à imiter les cris des animaux féroces, tout en mangeant ses grenades et