heure, et dans lequel se confondaient les cris de rage, les hurlements de douleur, les imprécations, le craquement des meubles qu’on brise et le bruit des vaisselles cassées, on entendit les vitres d’une fenêtre voler en éclats. Cette fenêtre était celle du logement où demeurait le clown. Les fragments des vitres tombèrent avec fracas sur les pavés et s’y émiettèrent ; en une seconde tout le monde était dans la cour. On vit le châssis s’agiter comme si une personne faisait des tentatives désespérées pour l’ouvrir, et comme si une autre personne l’en empêchait avec violence. Enfin la fenêtre fut ouverte.
Adolphina parut, sanglante, percée de coups de couteau, les lèvres écumantes, terrible encore de l’effort affreux qu’elle venait de faire. Elle ouvrit la bouche comme pour parler, mais le sang l’étouffa ; elle tournoya sur elle-même et retomba, cadavre inerte, contre l’appui de la fenêtre, sur lequel pendirent ses cheveux. Elle était morte. Alors seulement, on aperçut Capitaine dressé tout roide sur ses pieds, fou de fureur, les yeux sortis de leurs orbites, les cheveux hérissés. Ses manches de chemise étaient relevées sur ses bras tatoués de cœurs enflammés et de lacs d’amour ; il tenait encore à la main le couteau avec lequel il venait d’assassiner sa maîtresse.
En voyant la cour pleine de monde, en entendant les cris qui le menaçaient, le clown bondit en arrière et se mit à tourner autour de la chambre comme un tigre forcé par les chasseurs. Avec sa force d’athlète, il traîna tous les meubles vers la porte, les entassa les uns sur les autres, et en fit une solide barricade. Il était temps. Déjà les crosses des fusils sonnaient sur le carreau dans le corridor. Alors, par un saut effrayant et qu’un clown seul pouvait tenter, car le logement était situé au troi-