gouverna et se termina absolument comme la première. Ces amours irrégulières se comportent avec une régularité parfaite, et rien n’est plus facile que de les réduire en équations algébriques. Une courtisane qui dévore un imbécile n’est pas plus injuste qu’un tigre avalant un mouton, et, qu’il le veuille ou non, chacun fait ici-bas son métier, car tout cela a été arrangé d’avance sur un scénario inflexible, tracé d’une main ferme. Céliane retourna à l’or, à la joie, au luxe, comme c’était son devoir, et, comme c’était son droit, Margueritte retourna à ses verres d’eau-de-vie versés sur le comptoir d’étain, sans cesser de rouler sa cigarette si bien roulée ! Que les moutons aillent à l’abattoir, c’est la règle, et il n’y a rien à redire à cela, le point original, c’est que le même mouton y retourne trois fois de suite, et c’est ce que Margueritte ne manqua pas de faire scrupuleusement ; aussi n’ai-je plus à vous raconter que le troisième acte de cette infernale comédie, c’est-à-dire le troisième tableau de Margueritte et ses troisièmes noces avec Céliane. Il y a maintenant douze années que s’est déroulé ce dernier épisode, dont certains incidents ont fait alors un assez grand bruit dans la Gazette des Tribunaux. Un matin, vers cinq ou six heures, Margueritte, devenu depuis longtemps un ivrogne honteux et solitaire, entend des cris épouvantables, partis d’un étage supérieur à celui qu’il habitait ; c’était sur le boulevard Mont-Parnasse, si désert, comme vous le savez, et où rien ne trouble d’ordinaire le profond silence. Éveillé comme d’autres voisins par les funèbres clameurs, Margueritte monte l’escalier, on venait d’enfoncer la porte. Il entre et voici l’affreux spectacle qui frappe ses yeux. Dans un appartement d’un aspect bourgeoisement élégant, où l’on voyait épars sur le parquet des lettres déchirées et des
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