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pelet de ses roueries, car avec une fatale rapidité la toilette d’Hébé Caristi se mit à pousser au noir ; le noir l’envahit et la domina, et quel noir ! Coup sur coup et comme par magie, disparurent le velours, la soie, les robes à jolis bouquets roses, les bijoux à devises, le tour bien frisé, les petits cachemires. Pâle, verte, défaite, oubliant de mettre du rouge, la vieille funambule, noyée de larmes, abrutie par le chagrin, se montra avec des hardes misérables. Ce fut sa période de folie où, comme l’Ophélia de Shakspeare, on l’entendait murmurer des chansons interrompues et dire des lambeaux de phrases poétiques, parfumées de romarin et de violettes ! Ce malheureux spectre était voué par le destin à toutes les parodies et à toutes les profanations. Comme les victimes poursuivies par les dieux sauvages de Léda et de Pasiphaë et marquées pour les embrassements d’un monstre, elle se tordait au fond de son néant, condamnée à la douleur risible, à une torture ridicule, à des tourments dont la vue produisait un effet grotesque. Certes, celle-là a reculé les limites du malheur humain !

» Alors, dans ces moments affreux où elle vit s’enfuir sa dernière et stupide espérance, Hébé Caristi se cramponnait encore à moi, et m’adressait des supplications insensées. — Oh dites, dites-le-moi, Martirio, s’écriait-elle, croyez-vous qu’il existe vraiment des philtres pour se faire aimer et pour retenir un amant infidèle ? On m’avait parlé d’une sorcière et de cœurs sanglants, mais ce n’est pas vrai, n’est-ce pas ? D’ailleurs j’ai essayé, cela ne m’a pas réussi. Mais enfin, il doit y avoir quelque chose ! C’est impossible qu’il n’y ait pas un moyen. Se consumer d’amour et n’être pas aimée, c’est un trop grand supplice. Martirio, Martirio, dites-moi un moyen pour qu’il m’aime encore !