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bitait aux amants de Flore dans ses serres de l’avenue de Neuilly ! C’était pour ses joues basanées que mademoiselle Chaumeton pétrissait son rouge serkis, et que le perruquier Hippolyte accommoda avec quatre rangs de perles la fameuse coiffure à l’Olympe. La vogue du physionotrace fut couronnée, dès qu’il eut popularisé les traits étranges de l’acrobate en ses atours d’Athénienne, telle qu’on la vit un jour à Feydeau, dansant au bénéfice de madame veuve Dozainville ! M. Meynier la prit pour modèle de la figure de la Volupté, dans son mémorable tableau de la Sagesse préservant l’Adolescence des traits de l’Amour ! M. Mollevaut lui déclara sa flamme sous le voile heureux de la métamorphose d’une nymphe en sensitive. Le cavalier Antonio Buttura, du département de Trasimène, pensa l’immortaliser en vers sciolti ! ! Au café du Bosquet et à celui des Francs-Bourgeois, les couplétiers mirent son nom en logogriphes ! Elle passa trois mois à Madrid, où elle eut la coquetterie de se laisser croire Française, et, à sa soirée d’adieu, le roi Joseph lui dit avec un sourire : « Hélas, madame, il y a encore des Pyrénées ! » Je vous dis qu’elle a eu toutes les gloires !

Mais quoi ! le madrigal, venu même de si haut, ne touchait guère celle qui, en étendant les mains, pouvait cueillir ses bouquets de roses à la porte du paradis ! Quel encens eût satisfait celle qui s’envolait elle-même aux ravissements de son apothéose ? On peut lire encore dans le Mercure de France l’analyse enthousiaste d’un mimodrame dansé par Hébé au théâtre des Exploits-Militaires. C’est le fameux Siège de Saragosse, le chef-d’œuvre de ce genre destiné à mourir avec celle qui en fut à la fois le poëte et l’interprète.

Son décor était encore moins réaliste que l’écriteau