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— C’est alors, dit Louise, que vous avez rencontré une amie...

— Oui, dit Cécile, avec qui je me liai étroitement. Ce fut la très belle Laure Phanner, à qui son étonnante beauté, sa grande richesse, la haute situation de son mari, qui était, comme le mien, un don Juan sur tous les retours, permettaient, à son gré, d’être vertueuse ou de ne pas l’être. Elle avait choisi ce dernier parti, et vous connaissez ses amours célèbres. Elle me représenta qu’en certains cas l’avarice est une dilapidation, que je laissais perdre inutilement le bien du diable, enfin tout ce que vous savez. Il me fallait un consolateur, elle l’avait tout prêt, et me donna de sa main monsieur Armand de Théroude, cet officier d’état-major beau comme un prince Charmant, qui avait tout pour lui, naissance, esprit, bravoure, et le reste. On pouvait le résumer par un mot : la Perfection. Il savait aimer, amuser, respecter une femme, timide ou audacieux selon qu’il le fallait. Il me plut absolument, du moins à ce que je pus croire.

— Et alors, dit madame Orélia, ce fut lui qui vous fit éprouver...

— Rien du tout, dit madame Joannon. Laure Phanner pensa que, cette épreuve n’ayant pas réussi, il fallait en essayer une autre, et par