CAMÉES PARISIENS. 231 . — MARIE GARCIA Celle-là encore est une de nos mortes, et de toutes la plus poétiquement belle. Hoffer a su peindre pour la postérité cette rêveuse tête d’Ophélia, mais d’Ophélia étonnée, heureuse, montrant sur sa peau de rose le duvet pourpré de la jeunesse! La chevelure noire, ondée et tumultueuse comme la mer, se ploie en bandeaux irré- guliers, et s’échappe en longues boucles d’un prestigieux caprice. Étroit, décidé, découpé par une joue en fleur, terminé par une narine délicieuse, le nez est celui de la Polymnie, avec plus de vie et de charme. Les yeux baissés, aux grands cils, semblent des têtes de colombes. La bouche! c’est le vivant carmin des lèvres que peint Mignard, mais plus charmeresse mille fois : comme elle est enfantine et femme ! Le menton parfait, mais sans dureté, — je voudrais oser dire : sans pédantisme, — et si frais et si suavement jeune, comme il se rattache par une ligne grecque adorable au col puissant d’héroïne, dont le Cantique oriental eût dit : « Votre cou est comme une tour d’ivoire ! » Les mains blanches, — longues, longues et divines, déchirent une fleur avec curiosité, et l’on voit les épaules d’une Cypris et la naissance d’un sein pétri avec la neige des sommets sacrés !
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